Au palais Farnèse by André FRANÇOIS-PONCET

Auteur:André FRANÇOIS-PONCET [FRANÇOIS-PONCET, André]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Perrin
Publié: 2019-08-02T12:25:56+00:00

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De tous les palais romains, le Farnèse est certainement le plus beau, le plus harmonieux, le mieux équilibré, le plus complet, le plus pur de ligne, le plus riche dans ses détails et, pourtant, le plus simple dans sa masse imposante, inépuisable sujet d’étude pour les architectes d’hier, d’aujourd’hui et de demain, qui ne se lasseront jamais d’admirer son magnifique agencement, son élégante loggia et la fameuse corniche de Michel-Ange, qui lui sert de couronnement.

Parmi les mérites des constructeurs qui, en se succédant, ont su lui conserver une remarquable unité, il en est un qui, selon moi, n’est pas assez souligné. Ils eurent le souci d’en dégager les abords, de le faire précéder d’une place, ornée de fontaines, et d’y conduire par une rue qui, à nos yeux, n’est qu’une ruelle, mais qui, toute droite et tracée dans l’axe de la porte d’entrée, permet, à son débouché sur la place, d’embrasser d’un regard l’ensemble du monument. Ils ont, ainsi, témoigné d’un sens de la perspective qui était tout à fait exceptionnel en leur temps.

A l’époque de sa plus grande splendeur, le palais, habité jusque dans ses combles par une clientèle abondante, une multitude bruissante d’amis, de prêtres, de secrétaires, d’écuyers, de serviteurs, de palefreniers et de cochers, regorgeait de statues antiques, de bas-reliefs, de marbres, de bronzes, d’objets d’art de toute sorte, extraits des ruines de la ville et dressés dans les jardins, sous les portiques du rez-de-chaussée et les galeries du premier étage. Le Taureau Farnèse et l’Hercule Farnèse n’en sont que les plus connus. Ils ont été, pour la plupart, transportés au musée de Naples ; mais une réplique en plâtre de l’Hercule, accueille avec indulgence en haut des degrés de l’escalier d’honneur les visiteurs essoufflés.

A qui y séjourne en permanence, le palais Farnèse offre une source toujours renouvelée de jouissances intellectuelles et artistiques. Ses murs, ses portiques, ses galeries, ses salons, ses fresques, son ébauche de pont qui s’arrête au Tibre et devait rejoindre les jardins de la Farnésine, retracent de manière émouvante l’histoire de cette famille des Farnèse qui, pendant deux cents ans, a occupé le devant de la scène romaine, autour du trône pontifical, et participé aux actions, grandes ou petites, hardies ou ténébreuses, qui s’y déroulèrent ; ils évoquent la figure de ces personnages de la Renaissance italienne, animés d’une prodigieuse vitalité, de ces Alexandre, de ces Ranuccio, de ces Odoardo, généraux par vocation, papes par occasion, cardinaux par transmission, aussi ardents dans la piété et dans la foi que dans le plaisir, aussi à leur aise dans l’étude, la lecture et le culte des arts, que dans l’intrigue, la chasse ou la guerre et qui ont voulu pour résidence une maison, surpassant toutes les autres, et qui donnât l’idée de la richesse et de la gloire de leur maison. Également frappante est l’étrange prédestination qui a, de bonne heure, jeté un lien entre le palais et la France, puisque celle-ci y a installé, en 1635, un ambassadeur de Louis XIII, et de 1662

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